UN FAURISSON DE LA MALTRAITANCE ?
A propos du numéro 190 de JDJ, Décembre 1999 "Tempête autour des abus sexuels"
Dr Pierre SABOURIN *
Mais oui il y a de l’abus quand les les mots eux-mêmes sont attaqués et donc invalidés par un psychologue expert (HVG), quand il se trompe de cible en faisant un bien mauvais procès au langage et à la façon de s’en servir, un procès à la parole quand c‘est un enfant qui s’exprime.
.La rédaction du JDJ titre son numéro de "faits et méfaits de la psychothérapie", quel scoop!
C’est encore une fois du négationnisme en acte dont le procédé habituel, la méthode Faurisson, tente de prouver la réalité d’un postulat (aussi fou soit-il) par tous les amlgames et toutes les confusions possibles, où peuvent se rejoindre allègrement des intellos aux sensibilités inverses, extrême-droite et ultra-gauche, mais avec des pratiques comparables de propagandisme acharné. Voilà où nous en sommes.
Par ailleurs HVG dans ses élucubrations écrites en qualité d’expert ne se prive pas d’attaquer nomément tel psychatre Français en le taxant d’une étiquette dont il est le promoteur ("syndrôme de Rosenthal" dont serait atteint celui qui ne trouve que ce qu’il cherche!), et ainsi profite-t-il de cette écoute d’un Juge pour se permettre à propos d’une mère de famille qu’il n’a jamais rencontré, un diagnostic psychiatrique "d’aliénation parentale "!
Je ne cite que cet exemple, mais ce n’est pas le seul.
La coupe déborde, quand ce donneur de leçons aux références Nord-Américaines, invoquant des "incitations à parler" et des références comme celle de Bigras qui datent de 87 (inceste = souvenir impossible) ou d’Aulagnier (qui ne théorisait qu’à partir des psychoses de l’adulte), et avant même la Fondation des faux souvenirs, se trouve à l’affiche du n° 190 du JDJ par un article de 92 (revisité 99), qui intègrerait des données récentes, mais c’est toujours le même discours Universitaire qui persiste!
Ce journal du Droit des Jeunes est ici utilisé contre la parole de l’enfant elle même, par cette propagande promotionnelle.
Tous les cliniciens observent (voir au Canada le Centre Philippe Pinel) qu’une mise en mots chez cet enfant écrasé de honte, comme une représentation graphique spontanée et mise en scène de ses traumatismes, sont les seuls recours, les secours inespérés, pour que ses mécanismes de défense ( fragmantation, dépression, dissociation de l’identité) puissent un jour dénouer les fixations post-traumatiques, et ensuite permettre au refoulement de fonctionner.
Tout les cliniciens observrent ça, sauf ceux qui n’ont jamais pris en charge une famille avec trois générations d'abus en série, quand les viols et les coups de pieds et les menaces de mort remplacent et interdisent les paroles, justement.
L’Association pour la Formation à la Protection de l’Enfance dont je fais partie ne peut plus hausser les épaules face à ces dérives éditoriales.
Car ces balivernes sont en contradiction flagrantes avec tout ce que nous écrivons depuis des années et la notion absurde en l’occurrence de la " dictature de l’aveu" que HVG reprend de Foucault hors contexte, est une trace chez cet auteur d’une méconnaissance clinique de première grandeur: Il n’a visiblement pas la moindre expérience de ce que veut dire en France pour nous, soigner des familles maltraitantes et incestueuses.
Ce JDJ serait-il devenu sans le savoir "la vieille taupe"**de la maltraitance, des abus sexuels et de l’inceste passé à l’acte ?
Ce serait un comble que cette couverture du Droit des Jeunes et la publicité associée vienne soutenir cet auteur-conférencier sans se rendre compte vraiement à quel point des discours de ce type sont pernicieux.
Dans cet article publié on peut lire en clair cet imaginaire de l’auteur, à la fois conventionnel et désadapté; exemple simple p. 40 du JDJ:
2. L’abscence d’information sur la vie de l’enfant est une complicité active
avec l’abuseur présumé.
3.L’aveu est un acte de parole du coupable pas de la victime…etc
Il y aura toujours heureusement des avocats pour défendre tel abuseur présumé, et c’est une excellente chose pour sauvegarder la présomption d’innocence face à la présomption d’abus sexuel.(Nous sommes en démocratie).
Mais l’un ne va pas sans l’autre. Il convient aussi que l’avocat de l’enfant apprenne à croire ce qu’il entend et quelquefois il préfrerait être sourd.
Mais le psy. lui, n’a pas le droit d’ être sourd et devrait se rendre compte du pouvoir hypnotique que la parole de l’abuseur et de ses alliés objectifs a pu avoir sur tel enfant maltraité.
Nous constatons les fulgurants progrès que cet enfant va réaliser pour sortir de sa fragmentation traumatique, grâce au pouvoir de la parole quand ses mots à lui sont crûs, reconnus, accompagnés, soutenus jusqu’aux Assises s’il le faut. .
Les témoins que nous sommes alors se révèlent être des adultes qui sont de parole, quand ils entendent, écoutent mais aussi savent prendre en compte cette révélation en miettes et si dangereuse, dans ces histoires d’incestes et de réseaux pédophiles homos ou hétérosexuels.
Les menaces existent aussi à notre égard.
Deux livres à lire pour ne pas perdre votre temps avec HVG:
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NOTES :
* Externe des Hôpitaux de Paris, Ancien Interne des Hôpitaux Psychiatriques de la Seine,
***Deux revues parisiennes,
L’INFINI dans son numéro 59 consacré à "La question pédophile" où se retrouve un pot-pourri d’opinions de non-professionnels de Sollers à Matzneff sans oublier Henri Leclerc (ligue des Droits de l’Homme) qui reconnaît "ne pas avoir la compétence pour aborder la question du désir des enfants". Parmi ces 45 textes seuls la réponse polie d’ Elizabeth Badinter (moins de deux lignes) et le propos de Roger Dadoun (système de complicité et système de rejets) restent lisibles.
****Zwijgen is voor daders.